
Victoire du 8 mai 1945
Discours prononcé le 8 mai 2022
Messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
A cette heure, il y a 77 ans, les cloches retentissent aux quatre coins de la France. Dans nos villes et nos villages, les clameurs envahissent nos rues. Les scènes de liesse réchauffent nos foyers et l’étau qui étouffe depuis trop longtemps nos concitoyens se desserre enfin.
Libérée. La France est libérée et victorieuse.
Grâce à la mobilisation des Alliés d’Outre-Manche et d’Outre-Atlantique, grâce à la détermination du Général De Gaulle, grâce aux Résistants, femmes et hommes, illustres et anonymes.
Après tant d’années d’occupation marquées par le bruit des bottes allemandes claquant le pavé ;
après la peur d’être arrêté, emprisonné, fusillé, déporté ;
après la peur de voir sa ville bombardée, les françaises et les français respirent enfin.
Malgré tout, ils seront nombreux à appréhender, de longues années durant, le retour des soldats et à entendre, encore de temps en temps, leurs pas résonner. Car oui, celles et ceux qui ont vécu une guerre le savent : nous n’en ressortons jamais vraiment indemnes.
Certains parmi vous ont connu ces heures sombres de notre histoire. Certains ont vécu les combats, l’emprisonnement dans les geôles ennemies, la chappe de plomb qui s’abat sur la France occupée.
D’autres ont été des témoins directs de cette guerre : enfants ou adolescents, ils ont vu leurs parents batailler au quotidien. Que ce soit dans les villes ou dans les campagnes, ce sont les mêmes difficultés de ravitaillement qui sont racontées, les pénuries, et la peur.
Et pourtant, pour les jeunes générations, ce conflit paraît déjà bien lointain.
Il y a quelques jours, nous rendions hommage aux victimes et héros de la déportation et dans quelques semaines, c’est un hommage à la Résistance qui aura lieu à quelques pas d’ici.
Nous le voyons, aujourd’hui, la question de la transmission de la mémoire est au cœur de nos préoccupations.
Tandis que les anciennes générations s’éteignent, que restera-t-il de notre histoire ? Que restera-t-il de notre mémoire collective, de nos héros et martyrs ?
Loin de moi l’idée d’imposer un récit ou une vérité, simplement, rappelons le sens de l’Histoire et continuons d’honorer les figures de notre pays qui ont su nous unir dans les temps les plus difficiles.
L’horreur des camps, la folie d’un homme, la dérive d’un régime autoritaire vers la dictature la plus totale : rien ne doit être oublié.
Alors, en 2022, plus de 80 ans après le début de la Guerre, continuons de raconter ce moment marqueur du XXe siècle. N’oublions pas que la communauté européenne s’est construite au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Pour unir les peuples européens et tisser des liens d’amitié forts, nous avons aboli les frontières, créé un marché commun, puis une monnaie unique.
L’Union européenne, sans nier ses faiblesses, a su préserver la paix sur le continent européen… Jusqu’à aujourd’hui en tout cas. Et même si certains semblent vouloir revenir en arrière, je crois pour ma part en cette Union qui favorise la paix.
Si en cette matinée nous commémorons une victoire, je ne peux m’empêcher de penser qu’aux portes de l’Europe, des enfants, des femmes, des hommes, sont sur les routes ou dans des souterrains, tandis que des bombes explosent au-dessus de leurs têtes et que la menace d’un troisième conflit mondial plane.
Pour ces femmes et ces hommes, tombés au nom de la Liberté, hier et aujourd’hui ;
pour ces femmes et hommes qui ont tout sacrifié, nous avons, chers amis, l’obligation de ne pas céder face à l’obscurantisme, face aux fanatismes quels qu’ils soient, et il nous appartient à chacune et à chacun, d’être les passeurs de notre mémoire collective.
Vive la paix ! Vive l’Europe !
Vive la République et Vive la France !